5 conseils pour entrepreneur·e·s pour ne jamais être à court de trésorerie
La trésorerie, c’est le poumon de votre entreprise. Elle garantit son bon fonctionnement au quotidien, mais surtout, elle conditionne sa capacité à évoluer, à croître, à investir.
Et pourtant, c’est souvent le nerf de la guerre. Quand tout va bien, on n’y pense pas. Mais quand elle vient à manquer, le stress monte vite. Une bonne gestion de trésorerie permet d’éviter les situations critiques, à condition d’anticiper, de rester rigoureux, et de s’appuyer sur les bons réflexes.
Voici 5 conseils concrets pour éviter de vous retrouver un jour à court de cash.
1. Maîtrisez vos délais de paiement
Les délais de paiement sont rarement ceux indiqués sur vos factures. Entre l’émission, l’envoi, la réception, le traitement et le virement, plusieurs semaines peuvent s’écouler.
Chaque client a ses habitudes, ses processus internes et souvent, ses propres contraintes de trésorerie. Ce qui peut allonger vos délais… à vos dépens.
Même si vous ne pouvez pas tout contrôler, vous pouvez :
Communiquer clairement sur les dates d’échéance,
Mettre en place un système de relance (manuel ou automatisé),
Sensibiliser un collaborateur à cette tâche si vous ne pouvez pas vous en occuper directement.
Anticiper ces décalages vous évitera des trous de trésorerie évitables.
2. Optimisez vos dépenses récurrentes
Prêts, abonnements SaaS, leasing, prestations externes… Chaque mois, des paiements tombent automatiquement. Avez-vous une vision claire de ce que cela représente ?
Il est essentiel d’identifier ces dépenses fixes et de vérifier :
- Leur réelle utilité,
- Leur fréquence,
- Leur montant..
Posez-vous une question simple :
“Est-ce que j’en ai encore besoin ?”
Si oui : négociez, passez à un paiement annuel si c’est moins cher.
Si non : supprimez. Vous pouvez aussi relire vos contrats, certains prévoient des ajustements ou des reports possibles en cas de difficultés.
3. Anticipez vos modalités de paiement
Lors de tout investissement important, assurez-vous que les modalités de paiement soient adaptées à votre trésorerie. Évitez les décaissements en une seule fois : négociez des échéances étalées, des paiements fractionnés, des délais supplémentaires.
Mieux vaut demander en amont que de subir un refus ou un blocage en plein stress.
Et surtout, ne laissez pas des décisions financières court-circuiter vos prévisions. Tout engagement impacte votre trésorerie, donc chaque signature doit être réfléchie.
4. Respectez vos échéances fiscales (TVA incluse)
La TVA peut rapidement devenir un piège si elle est mal anticipée :
Si vous êtes créditeur (investissements élevés), le remboursement peut prendre du temps (2-3 mois en moyenne),
Si vous devez reverser la TVA, l’administration sera inflexible, avec des pénalités à la clé en cas de retard.
Anticipez donc ces flux dans vos prévisions de trésorerie. Évitez de “jouer” avec vos déclarations. Il vaut mieux demander un décalage de paiement que de subir un redressement.
5. Faites (et suivez) vos prévisions de trésorerie
C’est le conseil le plus évident… et pourtant, encore trop souvent négligé.
Prévoir sa trésorerie, ce n’est pas simplement remplir un tableau. C’est :
Lister ses recettes certaines,
Estimer ses dépenses au plus juste,
Simuler différents scénarios (optimiste, réaliste, stress),
Tenir compte des délais d’encaissement et de règlement.
Basez-vous sur votre historique quand c’est possible, sur vos hypothèses de business plan si vous vous lancez. Soyez prudent : mieux vaut surestimer une dépense ou retarder un encaissement, que l’inverse.
Enfin, testez vos décisions : déménager, recruter, investir… quelle conséquence sur votre cash à 3, 6, 12 mois ?
Et si votre trésorerie devenait un levier stratégique ?
Trop souvent, la trésorerie est vue comme un simple indicateur de survie : un solde à surveiller, un stress à éviter. Mais en réalité, une trésorerie bien maîtrisée peut devenir un atout stratégique puissant pour toute entreprise.
Lorsque votre trésorerie est saine et anticipée, vous n’êtes plus dans la réaction, mais dans l’action. Vous avez la liberté de :
Négocier avec vos fournisseurs avec fermeté, sans dépendre d’un échelonnement imposé dans l’urgence ;
Choisir vos investissements au bon moment, au lieu de les subir faute de marge de manœuvre ;
Repousser une levée de fonds si les conditions du marché ne vous sont pas favorables, et ainsi protéger votre dilution ;
Sécuriser vos recrutements, vos lancements commerciaux ou vos projets de croissance en étant en position de force.
Disposer d’une trésorerie excédentaire ne veut pas dire qu’elle doit dormir. Elle peut être mobilisée dans une logique offensive : paiement comptant pour obtenir des remises, lancement rapide d’un test produit, sécurisation d’un stock stratégique… Autant d’actions que vous ne pouvez pas vous permettre si vous êtes en flux tendu permanent.
À l’inverse, une gestion tendue ou improvisée de la trésorerie place l’entreprise dans un cycle défensif : retards de paiement, perte de crédibilité, pression psychologique, décisions prises dans l’urgence… Ce n’est pas seulement risqué, c’est énergivore.
Finalement la trésorerie n’est pas qu’un outil de suivi. C’est un instrument de pilotage. Une entreprise qui anticipe, projette et contrôle son cash peut faire des choix stratégiques plus audacieux et plus sereins. C’est cette posture proactive que recherchent aussi les financeurs : des dirigeant·e·s qui maîtrisent leur tableau de bord autant que leur vision.
Conclusion
Gérer sa trésorerie n’est pas une science exacte, mais c’est un état d’esprit. C’est refuser de naviguer à vue. C’est décider que le pilotage financier est un outil de stratégie, pas juste un fichier Excel qu’on ouvre en fin de mois.
Anticiper, structurer, suivre : ce sont les meilleurs moyens de rester serein et solide.