Comprendre les logiques financières et stratégiques du capital-risque est indispensable pour tout entrepreneur souhaitant lever des fonds. Cet article propose un éclairage détaillé sur la manière dont les fonds de VC sont structurés, gérés et sur les calcules qui guident leurs décisions d’investissement.
La structure d'un fonds de capital-risque
Les fonds de VC reposent principalement sur deux types d'acteurs.
Le rôle des Limited Partners (LPs)
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Les LPs sont souvent des fonds de pension, des family offices ou d’autres grands investisseurs institutionnels.
Leur stratégie consiste à diversifier leur portefeuille sur plusieurs classes d’actifs (obligations, immobilier, actions cotées…) et à allouer 2 à 5 % de leur capital au capital-risque, une classe d’actifs à haut risque mais à fort potentiel de rendement.
Le rôle des générals partners (GPs)
Les générals partners dirigent la société de gestion du fonds
Leur mission est double :
- Lever des fonds notamment auprès des LPs en promettant des rendements attractifs.
- Sélectionner, accompagner et sortir des participations dans les meilleures conditions possibles.
Les GP percoivent :
- Des frais de gestion (management fees) pour couvrir en particulier les dépenses opérationnelles du fonds (salaires, bureaux, deplacements, etc…).
- Une part des profits générés par le fonds, appelée « carried interest », en cas de succès.
Le modèle économique du capital-risque : la règle du « 2 et 20 »
Le fonctionnement financier d’un fonds repose la plupart du temps sur la fameuse règle du 2- 20 :
- 2 % de frais de gestion annuels sur le montant total levé.
Par exemple, sur un fonds de 100 millions de dollars, cela represente donc 2 millions par an, soit 20 millions sur 10 ans. - 20 % de carried interest sur les gains réalisés au delà d’un seuil de rentabilité (typiquement un rendement annuel de 12 % pour les LPs).
Au final, sur un fonds de 100 millions, le capital réellement disponible pour investir est de 80 millions de dollars.
Les mathématiques du capital-risque : viser l'exceptionnel
Pour un fond de 100 millions, les LPs attendent au bout de 10 ans environ 310 millions de dollars (12 % de rendement composé annuel). Mais atteindre ce chiffre n'est pas de tout repos. Voici pourquoi les fonds misent sur quelques très gros succès pour compenser les nombreux échecs :
Quelques scénarios types :
Scénario 1 : 10 investissements sortant en moyenne à 50 millions chacun → 125 millions récupérés → loin de l’objectif.
Scénario 2 : 5 sorties à 50 millions et 5 à 100 millions → 187,5 millions → encore insuffisant.
Scénario 3 : 5 sorties à 50M, 4 sorties à 100M, et 1 sortie exceptionnelle à 500M → 287,5 millions → proche du but.
Scénario 4 : 9 sorties « moyennes » et 1 licorne à 1 milliard → 362,5 millions → dépasse l’objectif, mais hautement improbable.
En réalité, un fonds typique devra composer avec :
- 5 échecs
- 3 petites sorties
- 1 sortie correcte
- 1 grosse réussite
Ce qui lui permettrait à peine d'atteindre les 310 millions attendus.
Pourquoi les VC prennent tant de risques
La règle de Pareto s’applique ici : 80 % des gains viennent de 20 % des investissements.
C’est pourquoi les VC acceptent que la majorité de leurs investissements échouent : ils parient sur une poignée d’énormes succès.
Pour réduire les risques, ils évaluent donc soigneusement chaque opportunité selon plusieurs dimensions.
En plus d’une analyse rigoureuse des projets, les investisseurs mettent également en place des clauses contractuelles pour limiter leur exposition, comme la liquidation préférentielle.
Découvrez ici comment fonctionne cette protection essentielle.
Les 5 T : les critères d’analyse d’un VC
Pour maximiser leurs chances de succès, les VC examinent systématiquement cinq axes majeurs :
- Équipe (Teams) : Est-elle expérimentée, soudée et capable d’exécuter rapidement ?
- TAM (Total addressable Market) : Le marché visé est il assez vaste pour justifier une ambition mondiale ?
- Technologie : Permet-elle un fort effet de levier pour croître rapidement ?
- Traction : Les premières métriques montrent-elles une adoption rapide et durable ?
- Tranchées (Trenches) : L’entreprise dispose t’elle vraiment d’avantages défensifs pour se protéger de la concurrence ?
Pour finir
Mieux comprendre comment pensent les VC permet aux entrepreneurs d’ajuster leur stratégie de levée de fonds, de calibrer leurs attentes et de mieux structurer leur pitch.
Dans un monde où seuls quelques projets font réellement la différence, il est tout de même essentiel d’être capable de démontrer une ambition démesurée… mais pas que. En effet une rigoureuse et crédible est nécessaire.